And the Winner is …
Marc Selby.
Un championnat assez surprenant.
Ce championnat du Monde nous a réservé de nombreuses surprises. En quart de finale trois joueurs ne faisaient pas partie du top 16. Seul le numéro un mondial, Mark Selby, a su résister : outre Mark Selby, la demi-finale comprenait pour la première fois deux joueurs issus des qualifications : Ding JunHui (n° 17) et Alan Mac Manus (n° 29) et Marco Fu (n° 14). L’élagage a été exceptionnel !
C’est également la première fois que deux joueurs asiatiques se retrouvent en demi-finale.
On est également loin des records de précocité de Stephen Hendry : Marco a 38 ans et Mc Manus 45 ans, le joueur le plus âgé à atteindre une demi-finale depuis Ray Reardon en 1985 ! Mieux vaut tard que jamais !!!
Pour ces demi-finales le décor change : on enlève une table et on repositionne l’autre au milieu de la scène. Chaque demi-finale se joue au meilleur des 33 frames en 4 sessions de 8 frames réparties sur 2 jours, vendredi et samedi.
Ding Junhui vs Alan Mc Manus.
Sur le papier le combat était inégal. Malgré les belles prestations de Mc Manus aux tours précédents, Ding JunHui pouvait logiquement prétendre à être le premier Chinois à atteindre le stade de la finale.
Après un excellent départ permettant à Ding de de mener 6-2 à la fin de la première session, accentuant à puis 9-3 au début de la seconde, tout laissait penser que les jeux étaient faits. C’était sans compter sur la ténacité d’Alan, gagnant 5 frames de suite pour recoller à 9-7, puis à 9-8.
Très concentré Ding a repris le contrôle du match, ratant de très peu un break de 147, pour finir la troisième session avec les 4 frames d’avance qu’il possédait à la fin de la première manche, terminant à 14-10 vendredi soir.
Il lui a suffi de maintenir cette pression pour conserver cet écart acquis au début du match pour remporter la première demi-finale 17-11 lui ouvrant les portes de la finale et peut-être la possibilité de devenir le premier non Anglais à remporter la finale après Neil Robertson en 2010 et peut être le troisième joueur issus des qualifications à devenir Champion du Monde Les deux autres sont Shaun Murphy en 2005 et Terry Griffiths en 1979, ce dernier étant actuellement le coach de Ding !).
A noter au passage que Ding établit un nouveau record de 7 centuries au cours d’un match : il a fait 11 centuries depuis le début du tournoi, ce qui lui permet d’espérer battre le record de Stephen Hendry de 16 centuries en 2002. Il bat également le record de matches joués aux Championnat du Monde : la finale sera son 8ème match depuis le début des qualifications le 8 Avril !
Pas moins de 100 millions de fans Chinois seront devant leur téléviseur ce week-end pour la finale.
Mark Selby vs Marco Fu.
Quand le numéro 1 rencontre le n° 14, le choses devraient être simples. Mais Mark Selby n’a jamais semblé au mieux de sa forme, alternant des coups magiques et des erreurs incompréhensibles.
Le match a été beaucoup plus serré et incertain que l’autre demi-finale.
Menant 5-3 à la fin de la première session, Mark Selby n’a pu faire autrement que de laisser Marco Fu égaliser à 8-8 à l’issue de la seconde. Le joueur de Hong Kong a maintenu la pression et terminé la troisième session à 12-12 samedi après-midi.
La dernière frame de cette troisième session a duré une éternité : 1 heure 16 minutes and 11 secondes, record depuis que les Championnats se déroulent au Crucible.
C’est au cours de cette session qu’est arrivé un évènement très rare : l’embout de Marco Fu s’est décollé alors que celui-ci remettait de la craie. Contrairement à un joueur de tennis qui a plusieurs raquette, un joueur de Snooker n’a qu’une seule queue de billard, celle-ci étant comme le prolongement de son bras, il serait très compliqué pour un joueur de changer de queue de billard pendant un match. La solution a donc été de lui recoller son embout, tâche à laquelle s’est attachée l’arbitre de la finale, Mr Paul Collier. Pourquoi ne pas avoir changé d’embout ? Tout simplement parce qu’une fois posé, l’embout doit être préparé et testé, ce qui prend énormément de temps.
La dernière session, décisive pour désigner le second finaliste a tenu toutes ses promesses et a été à l’image des précédentes : aucun des deux joueurs ne parvenant à décrocher l’autre, Marco Fu prenant une seconde fois l’avantage pour mener 14-13.
C’est d’ailleurs dans cette 37ème manche qu’est arrivé un évènement assez rare au snooker. L’index de Marco Fu, devant jouer la bille blanche au milieu de plusieurs rouges, a touché une de celle-ci, sans que l’arbitre du match ne voie la faute. Il est pratiquement impossible que Marco Fu ne se soit pas rendu compte de cette faute. Le Snooker étant un sport de gentlemen, un joueur qui commet une faute, la signale toujours à l’arbitre, si celui-ci ne l’a pas vue. Marco ne l’a pas fait, s’attirant les foudres des réseaux sociaux.
Les dieux du Snooker semblaient avoir des difficultés à choisir le finaliste ! A 15-15 Mark Selby a réalisé la manche parfaite pour mener 16-15, à une frame de la finale. La manche suivante s’est également révélée épique : au terme d’une bataille de plus d’une heure, nous offrant un niveau technique et tactique exceptionnel, avec des snooks improbables, Mark Selby a enfin dénoué la situation l’emporter 17-15, lui donnant accès à sa troisième finale, deux ans après l’avoir gagnée.
Comme il l’a dit en salle de presse après le match, il lui faudra relever son niveau de jeu s’il ne veut pas que le trophée parte en Chine pour la première fois !
La finale : Mark Selby vs Ding Junhui.
La finale, évènement national en Angleterre se joue en 35 Frames, réparties sur 4 sessions en deux jours : dimanche et lundi, celui-ci étant férié.
Finale logique sur l’ensemble du Championnat. Mark Selby fait honneur à son rang de n° 1 mondial. Ding JunHui est récompensé de sa régularité.
Première session de 8 frames dimanche après-midi. Mark Selby a changé d’embout : ce qui semble être un détail pour le commun des mortels, est considéré comme une prise de risque incroyable à ce stade de la compétition, tellement la réponse de l’embout est un élément important du jeu. Le risque a été payant : Mark n’a laissé aucune chance à Ding au début de cette session allant jusqu’à mener 6-0 ! La session se termine sur le score de 6-2.
La seconde session (9 frames) prend une tournure totalement différente, à un point qu’on se demande si on assiste au même match : Ding JunHui retrouve son jeu, Mark Selby commet quelques erreurs : le score à la mid session interval est de 7-5.
La seconde session voit Mark Selby retrouver son jeu, mais aussi Ding retrouver la confiance qui lui a fait défaut au début du match. Match très tactique, avec de fabuleuses billes de défense, aucun joueur ne voulant prendre de risque. La 15ème manche en est la preuve : 66 minutes de jeu ! On assiste à une véritable guerre des nerfs : l’arbitre a même proposé un re-rack (le jeu n’évoluant pas, l’arbitre propose d’annuler la frame), prouve que chaque coup est joué comme un coup décisif. La seconde session se termine sur un avantage de 3 manches à 10-7.
La première session du lundi après-midi (8 frames) ressemble à la dernière de la veille : une énorme concentration pour les deux joueurs, alternance du meilleur et du moins bon. Ronnie O’Sullivan a peut-être raison : la durée du Championnats (17 jours) fait qu’il est extrêmement difficile d’être à son meilleur niveau aussi longtemps. La finale sur deux jours est un exercice terriblement éprouvant : ce qui donne des coups fabuleux et des ratages surprenants. On continue donc de jouer au chat et à la souris : dès que Ding Junhui revient trop près de Mark Selby, celui-ci tente de reprendre un peu de distance au score.
C’est ce qui s’est encore passé cet après-midi : score final 14-11.
Dernière session de cette final : le premier qui atteint 18 frames est Championdu Monde). 19 heure anglaise, des millions de téléspectateurs anglais, des dizaines, voire des centaines de millions en Chine. 4 frames pour Mark. 7 pour Ding : le suspense est total !
Mark Selby met une pression énorme dès la première frame, jouant chaque bille avec une concentration et une détermination maximum, l’important étant de mettre DIng à 7 manches du titre, Mark n’étant plus qu’à 3 manches.
Un peu de chance sur le suivante, la manche se termine sur la noire : a « tremendous pot », comme dit notre ami John Virgo, qui commente sur BBC2. Le titre est à 2 frames.
Plusieurs fautes de Mark, trop de prises de risque, un jeu parfait de Ding lui permettent de revenir à 16-13 à la mid session interval.
Comme d’habitude la BBC profite de ce moment pour diffuser quelques moments importants ou faire quelques annonces : On a ainsi appris que Barry Hearn, World Snooker Chairman, n’avait pas l’intention de délocaliser les Championnats du Monde en Chine. Les larmes aux yeux, Steve Davis nous a expliqué que le décès de son père cette année l’a décidé à mettre fin à sa carrière professionnelle.
Au retour Ding reprend la main, et gagne la première manche. A 16-14 la tension devient insoutenable : Si Mark gagne la manche, il n’est plus qu’à une frame du titre. Si Ding la gagne il revient complètement dans le match et tout est alors possible. Ding craque le premier, après 52 minutes permettant à Mark de mener 17-14, à une manche du titre.
La dernière manche semble être une formalité, Mark s’appliquant sur chaque bille : la logique est respectée : le numéro 1 mondial devient Champion du Monde pour la seconde fois sur le même score : 18-14.